L'amour est plus fort que la violence

Songe des pierres retournées

Cette nuit, j’ai vu des enfants jouer dans une grande cour. Certains riaient, d’autres couraient, mais un petit, en colère, lançait des pierres. Chaque pierre semblait viser un camarade, un adulte, ou même le ciel. Mais à chaque fois, la pierre faisait un détour étrange et retombait sur ses propres pieds. Il se faisait mal, il pleurait, et pourtant il reprenait une autre pierre… Toujours plus fatigué, toujours plus blessé.

Alors une voix s’éleva dans la cour : « Le mal qu’un enfant fait ne détruit pas d’abord l’autre, mais lui-même. Il blesse son cœur, il trouble sa joie, il alourdit son âme. »

Je vis alors un éducateur s’approcher. Il ne cria pas. Il ne prit pas de pierre pour la renvoyer. Il posa seulement sa main sur l’épaule de l’enfant et lui dit doucement : « Ne te laisse pas écraser par ce poids. Tu n’es pas fait pour jeter, mais pour bâtir. »

Avec patience, il lui montra qu’il pouvait prendre ces mêmes pierres pour construire un jeu, un banc pour s’asseoir, un petit muret pour protéger les plus petits. Et l’enfant, à travers des larmes, esquissa un sourire. Il comprit qu’il n’était pas condamné à blesser, mais qu’il pouvait choisir de transformer ce mal en bien.

Alors la voix ajouta : « Voilà la vraie pédagogie : prendre le mal que l’enfant exprime, ne pas l’écraser avec colère, mais lui montrer, avec patience, que sa force peut devenir lumière. »

Et au loin, j’entendis résonner les paroles du Christ sur la croix : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Luc 23,34) Et je compris que c’était là la méthode du Christ, celle que Don Bosco a transmise : croire en l’enfant, même quand il fait mal ; l’aimer assez pour lui donner confiance ; et lui apprendre que l’amour est plus fort que la violence.

Geoffrey Gsp
coop Ganshoren

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