Depuis que je suis malade et obligé de garder la chambre, nombreux sont mes visiteurs qui m’apportent des fleurs. Ils expriment ainsi, de très belle façon, leur amitié. Sans le savoir, ils ont provoqué chez moi une évolution. Jusqu’alors, je ne prêtais qu’un regard distrait aux bouquets. Désormais, je me surprends à les contempler pendant de très longs moments.
Je saisis mieux pourquoi la beauté des fleurs a inspiré tant et tant de poètes et de peintres. Elles sont si éclatantes et si éphémères tout à la fois ! Leur rayonnement donne tellement à s’émouvoir et à penser !
D’ailleurs, au sommet de leur épanouissement, leur force de vie frise presque l’insolence, surtout envers qui a un corps affaibli et enlaidi par la maladie.
Mais, en vérité, leur éclat dissimule mal leur fragilité, ainsi que le travail inexorable du temps et de la mort, qui ne tardera pas à se manifester.
Aussi ai-je toujours une certaine connivence avec elles, au point que mon admiration est mêlée de compassion. En tout cas, je les considère maintenant comme des compagnes qui osent me parler généreusement de la vie, timidement de la mort, et qui me donnent beaucoup plus qu’elles ne me demandent. En un mot, leur présence est grâce !
Xavier Thévenot, SDB
Extrait du livre « Avance en eau profonde ! » Ed. Desclée de Brouwer/Cerf
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